Revue de presse

Quelques articles… et autres paroles

L’interview d’une autrice, sur Ouest-France, 12-13 juin 2022

Les Compères 2022 sur Ouest-France, 3 juin 2022

Un portrait de l’auteure

paru sur le site du député Paul Molac

Article de Maud Poupa

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Madeleines

Des « Madeleines » au théâtre du Tapis bleu
Redon – 10 Mars 2015
Ouest-France

Madeleines pphoto ouest-france
Lors de la présentation du travail en cours, pendant l’inauguration du théâtre du Tapis bleu. | Archives Ouest-France
Johann FLEURI.
Karyn Puech présente ses Madeleines au théâtre du Tapis bleu à compter du vendredi 20 mars pour trois représentations.
Lors de l’inauguration du petit théâtre du Tapis bleu, fin janvier, Karyn Puech présentait l’ébauche de la lecture de ses Madeleines. L’instant avait alors véritablement laissé un goût de trop peu. Les 20, 21 et 22 mars, c’est la version complète de ce travail qu’il sera possible de découvrir.
Quatre personnages
Cette création part d’un travail de collectage de récits réalisé par Karyn Puech, l’année dernière, auprès de douze résidantes de la maison de retraite des Charmilles. « Je voulais alors écrire un spectacle sur ma grand-mère. Et sur les rapports des personnes âgées aux objets. Puis, en parlant avec elles, j’ai eu envie d’élargir à la question suivante : qu’est ce qui les a construites en tant qu’adultes dans ce contexte de guerre ? »
Karyn collecte pendant six mois puis confie les textes à Sandrine Le Mével Hussenet « qui a ainsi créé quatre personnages. La fiction s’est développée sur les récits ». Afin de préserver l’anonymat des dames aussi. Pourquoi les Madeleines ? « Parce que j’ai rencontré plusieurs Madeleine. Pour les Madeleines de Proust. Parce que j’étais souvent accueilli pour le thé. »
Sur scène, « beaucoup de sobriété. » Karyn Puech est seule en scène, vêtue d’une tenue neutre, « un accessoire me permettra visuellement de passer d’un personnage à un autre ». Une vraie prouesse pour cette jeune comédienne, qui se métamorphose en un clin d’oeil, en dames aux caractères très différents.
Pour assister à cette lecture tous publics, mieux vaut réserver. La jauge est limitée à 17 places par représentation. D’autres projets naissent au théâtre du Tapis bleu. « Nous organisons de nouveaux ateliers et stages pour les enfants pour les vacances d’avril. Nous travaillons aussi sur un projet de la parentalité qui pourrait voir le jour à l’issue des vacances de Pâques. »
Vendredi 20 mars et samedi 21 mars, à 20 h 30. Puis dimanche 22 mars, à 18 h. Durée : 1 h 15.

Article MadeleinesMadeleines Le Journal de Redon déc 2015


Terre d’Espérance

L’actrice de Marius et Fanny en résidence

OUEST-FRANCE Rennes
Publié le
  • La compagnie Un pas puis l'autre et Victoire Bélézy (en rouge) sont en résidence à la Paillette jusqu'au 26 février.
    La compagnie Un pas puis l’autre et Victoire Bélézy (en rouge) sont en résidence à la Paillette jusqu’au 26 février.

Marie MERDRIGNAC.

La Paillette accueille la compagnie Un pas puis l’autre et l’actrice Victoire Bélézy pour un projet international autour de l’infertilité.

Le projet artistique est inédit et rassemble l’Italie, la Palestine et la France autour d’une thématique sensible : l’infertilité. Des rencontres entre chercheurs de Naples, Ramallah et Aix-en-Provence, artistes et couples confrontés à ce problème ont permis de récolter des témoignages. Ils sont la matière première utilisée par les artistes du groupe As Life (Art et science, laboratoires internationaux fabricants d’expériences) pour créer trois spectacles dans leurs pays respectifs.

Terre d’espérance

Pour la troupe française, Sandrine Le Mével Hussenet a écrit Terre d’espérance, un texte poignant. Il est travaillé en résidence à la Paillette par la compagnie costarmoricaine Un pas puis l’autre, dirigée par le metteur en scène Jérémy Colas.

La pièce met en scène trois couples, musulmans, athées, catholiques, face à la réalité de l’infertilité. Pourquoi veut-on un enfant, comment réagit-on face à l’annonce de l’infertilité, comment y fait-on face, qu’est-ce qu’on devient ? À travers les discussions des couples, des solutions sont suggérées pour dépasser ces questions.

Parmi les comédiens, Victoire Bélézy, révélée à la télévision dans la série Plus belle la vie et dans les films de Daniel Auteuil, Marius et Fanny, adaptés de Marcel Pagnol, retrouve les planches, avec un projet qui la touche. « L’écriture et les questionnements soulevés par l’infertilité m’ont interpellée. Qu’est-ce qu’on est quand on n’est pas fertile ? Qu’est-ce qu’on a à apporter, quelle trace peut-on laisser ? Les réponses soufflées dans la pièce me parlent particulièrement. »

La pièce devrait être présentée en 2016 et être jouée en Palestine et en Italie sous forme de rendez-vous où les trois propositions seraient accompagnées de débat entre chercheurs et public. La troupe propose une lecture pour faire suite à la résidence.

Jeudi 26 février, lecture de Terre d’espérance, à 16 h 30, à la Paillette, 6, rue Louis Guilloux.


Marguerite s’en va-t-en guerre

(spectacle créé par les élèves de 5ème du collège Max Jacob, 11 nov. 14)

Article Ouest-France MARGUERITE 1411170001


Morceaux et Cancrelats

Coup de coeur de OF

Paroles d’élèves-spectateurs

MORCEAUX ET CANCRELATS
Un moment fort en émotions

Lundi 19 mai, dans la salle du Foyer des Internes, les 70 élèves de 1ère L, ES1/S4 ont retrouvé avec plaisir Sandrine Le Mével-Hussenet qu’ils avaient déjà rencontrée en novembre dernier pour sa pièce La Seine est un Tigre. Cette fois-ci Sandrine intervenait en tant qu’auteure et comédienne aux côtés d’Alain Rault qui lui donnait la réplique sur scène, dans une pièce particulièrement poignante : Morceaux et Cancrelats.
Cette pièce se déroule pendant les massacres perpétués au Rwanda. Elle met en scène une femme, bouleversée par les événements, et son père qui perd la tête depuis le début des exactions au Rwanda. Peu à peu, on apprendra que le père a connu un autre génocide : la Shoah. Entre le père et sa fille, qui jusqu’ici se parlaient mais ne communiquaient pas, le dialogue pourra alors revenir…
En moins d’une heure, avec une mise en scène réduite au minimum et des émotions partagées au maximum, les deux comédiens nous ont montré la force du théâtre, capable de captiver ainsi tout un public sur un thème aussi dur que les génocides commis par des hommes contre d’autres hommes.
19 mai 1994 : le génocide au Rwanda par des extrémistes Hutus battait son plein.
19 mai 2014 : 20 ans après, Sandrine et Alain rappellent à notre mémoire un génocide peu connu ou déjà oublié sous le regard ému des élèves. Merci à eux et encore bravo !
LA PAROLE EST AUX ÉLÈVES…
J’ai beaucoup aimé la pièce de Sandrine Le Mével-Hussenet, tant par sa sobriété au niveau de la mise en scène que par la beauté de sa plume. J’ai même reconnu son style quand elle dit par exemple que son père « divague pire » !
Lola
En dénonçant l’atrocité humaine, Morceaux et cancrelats montre les actes que les hommes sont capables de faire envers leurs semblables. Véritable coup de fouet moral, cette pièce m’a marqué. En plus, la proximité avec les comédiens a permis une sorte de dialogue silencieux tout au long de la représentation, comme un transfert d’énergie positive.
Pierre-Marie
Au début, la pièce est difficile à comprendre, notamment avec le jeu sur les 2 prénoms « Anna » et Hannah ». Mais par la suite, tous les éléments se mettent en place et l’on s’aperçoit que la folie n’a pas toujours le visage qu’on pense.
Édouard
La proximité avec les comédiens fait qu’on est focalisé sur leurs paroles et leur jeu. On se sent projeté dans l’histoire, avec une force incroyable !
Guillaume
Ce qui m’a beaucoup touchée est le dialogue de sourds qui existe entre Anna et son père, jusqu’au moment où ils se mettent à chanter tous les deux ensemble. C’est un peu comme un hymne qu’ils chanteraient d’une seule voix, signe qu’ils se sont enfin retrouvés.
Marion
Au début, les dialogues sont rudes, forts, agressifs, mais après, les visages se détendent et les paroles se libèrent.
Ninog
Une mise en scène minimaliste, un jeu de comédiens particulièrement juste, un sujet qui vous prend aux tripes et vous fait prendre conscience de la bêtise et de la cruauté de l’homme. C’était impressionnant !
Timothée
J’ai aimé le fait qu’on découvre l’histoire d’Anna en même temps qu’elle. On pouvait sentir toute son émotion et son énergie sans être déconcentré par des décors encombrants.
Julie
Au fur et à mesure que l’histoire avance, on se retrouve transporté. Nous sommes dans la peau d’un témoin plus que d’un spectateur et cela nous rapproche encore plus de l’histoire et de ses personnages. On est comme aspirés dans les souvenirs des personnages.
Alexandre
J’aime beaucoup le style d’écriture et la façon dont le dialogue s’installe entre le père et sa fille.
Clémence
Au début, j’étais un peu perdue à cause de la déstructuration des phrases. Mais après, je suis rentrée dans l’histoire et je voulais absolument savoir ce que les personnages pouvaient nous apprendre sur eux, sur leur passé. J’avais un peu l’impression de remonter un fil qui menait à un grand secret… J’ai trouvé les personnages fascinants et profonds.
Laura
Il y avait une réelle complicité entre les deux comédiens : on pouvait la voir et la sentir. J’ai même eu les larmes aux yeux de voir ce vieil homme revivre ses douloureux souvenirs de la Shoah. Mais sa fille était portée par la vie et voulait rebondir, entraînant son père avec elle. C’est ce qui m’a touchée.
Sarah
L’évolution des personnages est très intéressante : au début, ils ne se parlent pas vraiment et semblent être chacun dans leur monde. Une fois le lourd secret du père révélé, le malaise qui existait entre eux et sur scène a disparu. J’ai aussi trouvé très pertinent de mêler deux génocides : celui du Rwanda et celui des Juifs.
Élodie
Le père perd la tête ; au début, seuls des mots et morceaux de phrases composent son personnage. Le partage entre sa fille et lui est morcelé, mais peu à peu, les phrases s’allongent et deviennent plus riches… De même, les regards des personnages se croisent. Bref, une belle complicité se crée sous nos yeux.
Mélanie
La proximité entre les comédiens et le public permet un contact certain et un réel partage d’émotions, de sentiments. Aborder un sujet comme le génocide de cette façon est très original. La mise en scène rudimentaire et la présence de seulement deux comédiens sur scène permet d’aller tout de suite à l’essentiel. Ça m’a vraiment touchée.
Mathilde
J’ai vu des similitudes avec La Seine est un Tigre : le thème du traumatisme, mais aussi celui de la folie avec le jeu sur le langage et des répliques déconstruites.
Léo
J’ai trouvé la pièce intéressante car tout du long, nous avions un dialogue de deux êtres se connaissant peu et se redécouvrant. C’est comme s’il y avait une renaissance… Au début, j’avais de la pitié pour les deux personnages mais, peu à peu, j’ai ressenti de l’empathie.
Pierre-Armel
Ce qui m’a marquée, c’est la fin de la pièce, quand Anna dit à son père « c’est nous les rescapés » : ils se sont délestés de leur fardeau et vont enfin pouvoir vivre leur vie. C’est une fin heureuse pour une pièce habitée par les traumatismes et la mort.
Zoé
J’ai aimé le jeu des acteurs, à la fois simple et sincère. Le décor était minimaliste (un banc et un drap noir), mais grâce aux descriptions des situations vécues par les personnages, on pouvait facilement se les représenter ; pour cela, le décor neutre proposé était appréciable.
La mise en relation des deux génocides, vécus à leur niveau par chacun des personnages, était aussi très judicieux pour montrer que l’histoire se répète et qu’il convient de prendre garde à ne pas répéter les mêmes erreurs.
Lucie
C’était une très bonne pièce. Malgré le sujet assez mal connu du génocide au Rwanda, j’ai été plongée directement dans l’atmosphère. Le jeu des comédiens était vraiment très bon. J’ai même pu voir une larme rouler sur la joue de Sandrine. La fin de la pièce était d’ailleurs très émouvante. On avait envie d’accompagner les personnages dans leur quête…
Laura
Les répliques courtes et non construites, puis plus longues et construites suivent l’évolution de la relation entre le père et sa fille : j’ai trouvé cela très habilement pensé et parfaitement interprété par les deux comédiens qui nous ont fait partager une émotion vraie et sincère. L’échange qui a eu lieu après la pièce nous a montré que si les personnages étaient particulièrement éprouvés par de tels massacres, les comédiens en tant que personnes l’étaient tout autant.
Morgane
J’ai apprécié le fait qu’on nous présente le génocide du Rwanda à travers une histoire individuelle et personnelle. Mon passage préféré est lorsqu’Anna prend conscience du passé de son père et qu’elle se lève pour avoir une véritable discussion avec lui. L’échange verbal devient alors construit et organisé.
Janice
Le fait que le décor ne soit pas trop développé permet de s’imaginer notre propre décor. Au début, on a l’impression que la fille se force à aller voir son père à l’hôpital, mais au final, leur relation est plutôt fusionnelle !
Dunvel
Ce que j’aime dans cette pièce, c’est qu’elle raconte deux histoires à la fois très différentes (génocide juif et génocide du Rwanda) et très semblables (toutes deux évoquent la mort mais provoquent chez les rescapés le désir de vivre).
Lisa
Les phrases se construisent en même temps qu’Anna construit son histoire personnelle. Ce procédé est très astucieux. De même, le parallèle qui est fait entre les deux génocides nous rappelle que des massacres ont malheureusement lieu de tout temps et dans tous les pays.
Bérénice
J’ai été sensible à la progression qui existe dans la relation père-fille. Au départ, nous sommes face à une fausse conversation, sans réelle profondeur, entre les deux personnages. Puis, la pièce évolue vers des confidences très profondes et touchantes.
Tangui

Une écriture belle de rage

(spectacle des collégiens de Max Jacob et des lycéens d’Ampère, sur la Négritude)

Négritude Article Ouest-France 17 mai 13


Âmes bretonnes

Âmes de Bretagne Champs libres 2011


La Seine est un Tigre

Article S&T Télégramme

article OuestFrance 19 avril 10numérisation0002

article S&T Orbey mai 2013

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Lien : Retour du public

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Un regard de spectateur

À propos de La Seine est un Tigre, donné à Ploërmel, le 13 janvier 2012.

« Pas de rideau de scène : le plateau est offert, visible et même déjà éclairé. Pendrillonnage à l’allemande. Pas de frise, sources de lumière apparentes. De là où je suis, un peu à Cour, je ne vois aucune issue dans les pendrillons : la boîte noire apparaît fermée, haute. Les pendrillons sont éclairés jusqu’aux trois quarts de leur hauteur, tous, tout autour, ce qui les grisent légèrement et leur donne une présence fermante. Au pied des pendrillons, le sol est éclairé lui aussi par des douches découpant deux couloirs à Jardin et à Cour, et aussi, je crois un couloir en avant-scène, et j’en imagine un autre en fond de scène… Ces couloirs de lumière au sol dessinent en creux au sol un espace central qui apparaît gris foncé. Au fond de cet espace central, se dresse un mur parfaitement matérialisé comme mur par un rideau noir lisse, tendu, n’accrochant aucune lumière, éclairé à contre-jour par les taps du fond éclairés : il apparaît alors plus noir encore. Il y a un « derrière » ce mur, un « arrière-plan » qui nous est inaccessible mais qui est bien là. Le mur et le dessin au sol de l’espace central rendent palpables les murs invisibles de l’espace central. Impression d’un enfermement dont la clé, dans l’arrière-plan sans doute, échappe …. Au Lointain Jardin de l’espace central, un lit métallique, gris blanchâtre, austère, couvert de draps peut-être kaki : ça m’évoque l’hôpital militaire. À côté du lit, une table de nuit, pauvre table métallique gris blanchâtre elle aussi. À Cour de l’espace central, une pauvre chaise, métallique aussi, gris blanchâtre aussi. Nous sommes à l’intérieur. Il n’y a pas d’extérieur, ou alors peut-être au-delà du mur noir.
Ah ! il y avait déjà quelqu’un là dans le lit, seul. Un homme. Paroles chiffrées. Table de sept. Compulsion du chiffre, impuissance du chiffre, conjuration chiffrée et chiffre de l’enfance. Un rayon de lumière froide, blanc bleuté, mouvant, chercheur, insistant, à la manière des projecteurs des miradors des camps nazis et comme si, à l’intérieur même du lieu d’enfermement rôdait le faisceau de l’intrusion : enfermement et intrusion. Soudain une voix répond à la litanie du chiffre, s’incarne (il y avait donc une entrée côté cour dans le pendrillonnage à l’allemande), rejoint presque l’homme seul, devient son image dans le miroir. Hallucination, double imaginaire, … quelle est son identité ? Il arrive … de l’extérieur mais il pourrait sans doute aussi surgir de l’intérieur, mais pour l’instant, il est de l’autre côté du miroir, qui, lui, est posé sur le mur invisible à Cour. Identité trouble, espace troublé. Un jeu d’acteurs fort, riche, précis, juste, où toujours reste présente la confusion, le trouble identitaire, trouble affectant l’espace lui-même : traversée des murs invisibles, transformation du faisceau du projecteur mobile inquisiteur en trou, au centre de la scène au bord duquel vacille l’homme. Costumes de toile assez rude, lin peut-être ?, écrus, prenant bien la lumière. Précipice que la lumière, décidément scénographique, fait exister, précipice vertigineux où l’homme, attiré, se cherche, morceau par morceau, s’étourdit, derviche tourneur, jusqu’à la perte de connaissance. Détail, là j’ai eu envie d’avoir un très bref noir au moment de la chute au sol, noir à peine perceptible avec le temps de la persistance rétinienne mais permettant de perdre l’homme au moment où il s’écroule et de le retrouver inanimé au sol, sans voir le temps de « l’atterrissage ». Jeu à deux, corps transformé, corps envahi, blessé, morcelé, dissocié, corps qui parle encore, qui parle le corps, corps qui gémit, crie, geint, grogne, râle, tousse, rit, respire, s’étouffe, mots du corps, corps sans mots, corps mutilé, corps sans limite, … présence du traumatisme, du traumatisme de guerre mais aussi, dirait-on, faille profonde d’avant le traumatisme. Production de la folie, production délirante, création de la folie, folie créative, la compagnie du double imaginaire, la lutte à deux contre les angoisses primaires, danse, ballet à deux, Corps unique à deux, jeux et re-jeux à deux, paroles à deux, violence à deux contre l’angoisse néantisante, qui est « je » et qui est « tu » ? Et puis des chants, rassurants, faisant naître des îlots colorés vert sous-marin, rose sexy, moments où le mirador inquisiteur renonce à fouiller et à violer l’espace intime. Îlots de capacités d’être seul, appuyé en sécurité sur son imaginaire jouant et recréant des instants d’apaisement, provisoirement, car le traumatisme toujours fait retour et vient réveiller la faille première. Proximité de l’homme enfant avec les morts, échange avec les morts : compagnons imaginaires, imaginaires ? : les bords de l’imaginaire sont flous. En tout cas l’échange intime avec ces morts peuplent la solitude subie de l’enfant et le soutiennent. Leur soutien est régulièrement attaqué par les souvenirs des scènes traumatiques de guerre. Tout se mêle mais tout essaie de se rejouer et de se recréer. Moments de répit alternent avec moments de torture.
Alors quand le compagnon imaginaire s’absente, abandon, souffrance extrême, déréliction totale. L’intervention médicamenteuse a vidé l’espace de la création en même temps qu’elle a contenu la folie et ses angoisses. Ralentissement de la diction, étrange, ralentissement total, de la pensée, de la vie, lobotomie chimique. Mais ce médecin est-il le médecin réel ? Il a bien cette blouse blanche signalant qu’il n’est pas un patient, mais il est pied-nus … est-il le médecin l’imaginaire de l’homme ? Doute, flou, confusion imaginaire / réel ? Le médecin a peur, bien sûr, de la folie, mais il a l’air timide quand il n’est pas contaminé par l’effet inhibiteur du médicament ! Ou alors serait-ce la difficulté à recevoir ce représentant de la réalité extérieure dans ce lieu intérieur où, spectateur, je suis rentré ? Ou alors ce médecin n’est pas le vrai ? D’ailleurs, il parle à une infirmière absente, peut-être est-il alors le compagnon imaginaire qui revient sous la forme du médecin : je ne sais pas du tout. Peut-être est-ce voulu que, à ce moment-là, spectateur, je ne sache pas exactement où j’en suis ! … en effet nous sommes dans un espace où justement les limites et les frontières sont indéfinissables…, voire absentes, produisant du morcellement, de l’éclatement, de la perdition… Retour de la litanie chiffrée ralentie, (bouclage dans le texte, ç’aurait pu être la fin de la pièce mais non, la recherche vitale continue) … on se retrouve au début mais avec une aggravation : muselage de la production imaginaire… Puis, le processus continue par la visite guidée du lieu d’enfermement avec le compagnon imaginaire qui est de retour : formidable appropriation de la périphérie du lieu d’enfermement en apparentant les portes, verticales, des bureaux des soignants morts-vivants aux pierres tombales, horizontales, confidentes de l’enfance ! Lors du passage en avant-scène du guide de la visite, lumière très dure de la douche, j’avais envie à ce moment- précis là de voir le visage du guide plus que le sculptural de son corps… puis après cette visite ‘appropriante’ du lieu, évocation de la transgression possible : éviter l’ingestion de la camisole chimique. S’ensuit ce repositionnement qui produit un réaménagement spatial abolissant les murs imaginaires initiaux du lieu central, une intensification lumineuse du lieu central abolissant elle aussi les murs de l’espace central, unifiant l’espace central et les couloirs. Les personnages déplacent les meubles puis … sortent par l’arrière-plan inatteignable du début, le dehors. Il y a un franchissement. Quel est ce franchissement ? Je ne sais pas car je vois deux possibilités : soit l’homme s’affranchit du soin psychiatrique, conserve sa potentialité créatrice en quittant vraiment le lieu et chemine vers sa libération vis-à-vis de ses démons et traumas et vers l’intégration de son vécu de guerre, soit l’abandon du traitement augmente l’altération de sa perception de l’espace, augmente le recours à la production délirante … évidemment, j’ai envie de croire à la première option : unification et réaménagement, mais je n’en suis pas sûr… »
Bernard Gapihan

Paroles d’Élèves (extraits)
Élèves de Joseph Loth (Pontivy -56)
après la représentation du 15 novembre 2013.

Cette pièce nous redonne une part d’humanité, quand les hommes eux-mêmes en manquent parfois. Elle offre un panel large d’émotions. On est tour à tour émus, tristes, hilares, effrayés, compatissants. C’est fascinant de voir ces deux personnages physiquement opposés, mais à la fois liés et étrangement semblables dans leurs comportements et leurs gestes.
Même sans être une professionnelle du théâtre, ce n’est pas difficile de voir qu’on a devant nous deux acteurs bourrés de talent. Ils ont fait un travail énorme sur leur synchronisation, et quand on les regarde, on assiste à une quasi fusion.
Une des choses qui m’a le plus marquée, c’était les moments dans la même ligne que le « J’ai mal à ta tête » du début de la pièce, quand un des deux arrête de respirer, et fait suffoquer l’autre. J’ai trouvé ça brillant, ça rendait le lien entre les comédiens encore plus flagrant.
Il y a aussi une chose qui m’interpelle : je sais que dans la réalité, quand un schizophrène « guérit », on se réjouit. Mais en regardant la pièce, à la fin, quand les deux personnalités ont cessé de cohabiter pendant un moment, j’ai été triste. Parce que je voulais au fond de moi qu’ils restent ensemble, je ne sais pas vraiment pourquoi. En fait, j’avais l’impression qu’on séparait deux amis. C’est là la beauté et l’originalité de cette pièce exceptionnelle.
Laura 1L
J’avoue avoir particulièrement apprécié la pièce La Seine est un Tigre. Petit, à l’école ou au collège, je suis souvent allé voir d’autres représentations théâtrales mais aucune ne m’a autant plu. Je l’ai trouvé particulièrement divertissante, cela est selon moi en grande partie dû aux acteurs. Ils ont su captiver notre attention, et ce, dès le début. Habituellement, je me lasse souvent très vite lorsque je commence quelque chose, mais ici la façon dont jouaient les comédiens étaient réellement captivante. J’ai senti une réelle passion, et un énorme plaisir de les voir sur scène.
Que dire à propos du texte ? Je l’ai trouvé étrange, mais aussi très profond, avec une sorte de vécu. J’ai ensuite compris d’où venait ce vécu, lorsque l’auteur a expliqué d’où elle avait tiré son inspiration. Bien qu’il fût compliqué les premières minutes, je l’ai trouvé très touchant ensuite.
J’ai adoré le moment où les deux acteurs font ensemble le miroir. Ces gestes ont dû être répétés et synchronisés pendant des heures, et j’apprécie ce côté-là.
J’espère avoir l’occasion de voir de nouveau une pièce où ils sont tous les trois réunis car j’ai adoré.
Adrien, 1ère ES1

Parfum d’Automne

Jacques Francini dans Parfum d’Automne, avec Fiona Gélin et Smaïn

La vidéo :

Parfum d'A Télégramme

Décès du clown Jacques Francini, à l’âge de 85 ans
Jacques et FionaLe clown Jacques Francini, l’Auguste de la Piste aux Etoiles, le très populaire spectacle de cirque diffusé à la télévision jusqu’en 1976, est décédé en milieu de journée, a-t-on appris auprès de son fils. Agé de 85 ans, Jacques Francini a succombé à une infection au centre hospitalier de Vannes (Morbihan).
Avec son nez rouge et son petit chapeau, Jacques Francini, de son vrai nom Jacques Massonnat, a formé avec le clown blanc Alex le duo vedette de La Piste aux Etoiles, l’une des émissions pionnières et les plus suivies du petit écran à partir de 1954. A chaque spectacle, le duo piégeait une personnalité. Chanteur classique (ténor), originaire du Sud de la France, Jacques Francini est devenu clown à son arrivée à Paris au début des années 50. Il est apparu pour la première fois à la télévision dans les émissions de Jean Nohain.
Depuis la fin de La Piste aux Etoiles, le fantaisiste s’était installé en Bretagne où il n’a jamais cessé de se produire, tout en donnant des cours d’art clownesque pour les enfants et les adultes dans le cadre d’un programme de développement de la personnalité qu’il avait créé.
L’école de clowns de Jacques Francini avait remporté plusieurs prix, notamment au festival de cirque de Monaco. Parallèlement, il était revenu à la chanson il y a une dizaine d’années en interprétant l’oeuvre de Vincent Scotto. En 2010, Jacques Francini a partagé avec Fiona Gélin la pièce « Parfum d’Automne » de Sandrine Le Mevel Hussenet, sur la scène du théâtre Montmartre Galabru, à Paris, et en tournée. Dans son propre rôle, le clown y évoquait sa carrière face à une auteure chargée de mettre en forme ses souvenirs.

Tu vas où ?

Tu vas où