L’Esprit du Fleuve
Recueil de poésie originale et spectacle de poésie et musique présenté par Les Galandrines.
Gaëlle Ealet : guitare et chant
Sandrine Le Mével Hussenet (Gaby Plume) : textes et voix
Duo féminin, voix et guitare, Les Galandrines (mariage des prénoms de Gaëlle et Sandrine) se sont constituées depuis le dernier Festival de Slam de Josselin-Mauron, en mars 2017.
Naissance d’une belle ambition où qualité et plaisir se partagent. Joie du faire et du dire. La musicienne et la poétesse se sont choisies, complices et confiantes, amoureuses l’une et l’autre des dons de l’une et de l’autre, elles se sont engagées pour une longue ballade/balade le long des berges du fleuve de l’inspiration et de l’art.
Voici leur première création, premier partage de mots et de notes de guitare classique, espagnole et populaire.
Un cheminement de femme, une quête d’identité, de l’enfance à la maturité, entre douceur et colère, sensualité et maternité, citoyenneté et intimité, pour dire l’espoir, la vie et « l’esprit du fleuve et l’inspiration qu’il abreuve ».
Hommage rendu aussi à la féminité d’Anne Sylvestre et au féminisme de George Brassens, tous deux mêlés aux eaux du fleuve des deux Galandrines.
Extrait :
Ce qui me reste
Il me reste les couleurs du vert
Gammes que le printemps libère
Il me reste les fleurs de pommiers
Les promesses du cerisier
Il me reste le parfum du lilas
Et bientôt celui du seringa
Il me reste les berges de la rivière
Pour mes promenades en solitaire
Il me reste les troupeaux alanguis
Des bœufs blancs et des brebis
Il me reste le vol des hirondelles
Et leurs impatiences dans le ciel
Il me reste le vent tiède au soleil
La danse prudente des rares abeilles
Il me reste l’ombre encore fraîche
Des arbres et leur belle sagesse
Il me reste la vibration de la terre
Sous mes pas et la caresse de l’air
Il me reste la forêt de Brocéliande
Et l’art des conteurs de légendes
Il me reste les mots et la poésie
Pour dire mes peines et ma fantaisie
Il me reste un amour immense
Pour toutes choses et leurs nuances
Il me reste cette jeunesse à instruire
Et ma patience pour l’aider à grandir
Il me reste mon envie de transmettre
Cette humanité qui la fera renaître
Il me reste les sourires et la grâce
Des élèves entrant dans ma classe
Il me reste mes filles et leur père
Elles sont belles et prospères
Il me reste leur élan et leur force
Pour entrer dans le monde féroce
Il me reste ma vie à parfaire
Sans jamais de l’espoir me défaire
Il me reste le goût des mangues
L’odeur du pain et le jus des viandes
Il me reste la caresse de mon chat
Sa chaleur sa douceur son soyeux délicat
Il me reste quelques nuits par hasard
La main de mon homme qui s’égare
Il me reste les appétits de mon corps
Et tout l’amour qu’il donnera encore
Il me reste ma peau sensible et douce
Ses étoiles ses frissons quand on la touche
Il me reste mes mains pour cueillir
Les baisers à venir et l’eau recueillir
Il me reste l’envie d’écrire l’envie de créer
L’envie de dire l’envie de clamer
Il me reste le partage évident
Du miracle des spectacles vivants
Il me reste à venir d’autres livres
Pour dire ma langue qui délivre
Il me reste l’esprit du fleuve
Et l’inspiration qu’il abreuve
Josselin, 23 mai 2016.