Jacky, la Princesse et les trois Blaireaux : création 3èmes et Compères lycée Ampère, 2004

THÉÂTRE : Deux pièces de théâtre pour jeune public, écrites, en octobre 2004, par les élèves de la classe de 3ème Technologique du lycée Ampère de Josselin, sous la direction de Sandrine LMh et Bérengère Thuillier.

Mise en scène et en jeu par la Compagnie des Compères (atelier théâtre du lycée) sous la direction de Sandrine LMH. Soutien logistique (décor et costumes) de l’association « L’écho des cartables », amicale laïque de l’école primaire Suzanne Bourquin de Josselin et soutien technique (lumière et son) de l’ADEC 56. Création, décembre 2004, au Centre Culturel de Josselin.

Jacky s’est enfui de chez lui pour partir à la rencontre de la Lune. Dans sa quête, il affrontera la fourbe Libellule et le dangereux Crocodile, découvrira un mystérieux Poisson-Lune, libérera une Grenouille d’un mauvais sort et finalement apprendra que la Lune a bien plus de pouvoir qu’il ne pouvait le croire.

La Princesse et les trois Blaireaux. Ce matin, le soleil ne s’est pas levé. Or, le soleil ne se lève que lorsque la Princesse ouvre les yeux. Qu’est-il arrivé à la Princesse ? Les trois jeunes Blaireaux, naïfs et drôles,  partent à sa recherche, malgré les nombreux dangers qui les guettent dans la forêt profonde. Au bout de l’aventure, une belle histoire d’amour…

*

Textes intégraux :

Jacky

Les personnages

Jacky
La Libellule
Le Crocodile
La Grenouille
Le Poisson-Lune
La Lune

Scène I
Jacky et la Libellule

Il fait nuit. La lumière de la lune éclaire la scène.
Jacky apparaît. Il court. Il jette souvent des regards apeurés derrière lui.
La Libellule sort de sa cachette. Il ne l’a pas vue.

La Libellule. Bonsoir, mon Garçon.

Jacky. Bonsoir. (Il la voit) Oh ! Pardon. Bonsoir. Madame la Libellule.

La Libellule. Que fait un Petit Garçon tout seul en pleine nuit ?

Jacky. Je me suis enfui de chez moi.

La Libellule. Enfui, le Petit Garçon, enfui de chez lui et pourquoi ?

Jacky. Je voudrais voir la Lune.

La Libellule. Voir la Lune. Pourquoi ça ?

Jacky. Je ne l’ai jamais vue. Je n’ai jamais vu la Lune. Ma sœur m’en empêche. Chaque soir, elle ferme les rideaux de la fenêtre.

La Libellule. Quelle idée ? Et toi tu ne les rouvre pas ?

Jacky. Si je ne suis pas gentil avec ma grande-sœur, mon père me bat. Et quand Papa me bat, Maman pleure. Je n’aime pas voir maman pleurer, moi je voudrais voir la Lune. Alors ce soir j’ai ouvert la fenêtre et je me suis sauvé.

La Libellule. Moi je sais où elle est, la Lune. Si tu veux je peux te mener jusqu’à elle.

Jacky. Tu ferais ça pour moi ? Tu le ferais ?

La Libellule. Bien sûr, je suis ton amie. Veux-tu être mon ami ?

Jacky. Oh ! Oui. Je n’ai jamais eu d’ami.

La Libellule. Parfait. Comment t’appelles-tu, mon ami ?

Jacky. Jacky.

La Libellule. Mon ami s’appelle Jacky. Viens Jacky. Je te conduis.

Ils sortent.

Scène II
Jacky, la Libellule et le Crocodile

Un étang.

Jacky. Où sommes nous ?

La Libellule. Voilà l’étang où j’habite.

Jacky. C’est grand.

La Libellule. Regarde, Jacky. La Lune est là.

Jacky. Où ça ?

La Libellule. Là, au milieu de l’étang. La lumière là. Tu la vois ? Elle est là. Tu n’as qu’à entrer dans l’eau. Va, va la voir de plus près. Vas-y, je te dis. N’ai pas peur. Un Petit Gars comme toi ça n’a pas peur. La Lune. Tu voulais la voir, non ? Alors vas-y.

Jacky. D’accord.

Jacky entre dans l’eau.

Le Crocodile. Qui vient troubler les eaux de ma demeure ?

Jacky. Oh ! Pardon. Bonsoir, monsieur le Crocodile. Je suis Jacky. Je viens voir la Lune. C’est la Libellule qui m’a dit…

Le Crocodile. Ha ! Ha ! C’est elle qui t’envoie ? Brave Libellule. Tu dis que tu cherches quoi ?

Jacky. La Lune.

Le Crocodile. La Lune. Ah oui ! Je vois. T’es pas sorti souvent de chez toi ?

Jacky. C’est la première fois.

Le Crocodile. (En aparté) Et la dernière. J’adore la chair fraîche.

Jacky. Pardon ?

Le Crocodile. Je disais : C’est la galère. J’ai la gorge sèche.

Jacky. Vous savez où est passé la Lune ?

La Crocodile. Bien sûr. Regarde, elle est là-dedans. (Il ouvre grande sa gueule)

Jacky. (En criant) Au secours ! Au secours ! Libellule ! Au secours !

La libellule. Qui m’appelle ?

Jacky. (Il parvient à rejoindre le bord) Le Crocodile veut me manger. Vite ! Aide-moi.

La Libellule. Qu’est-ce que tu dis ? Je ne t’entends pas.

Le Crocodile. Reste-là toi ?

Jacky. Ah ! Il a attrapé mon pied.

La Libellule. Qui me parle ?

Jacky parvient à se libérer de sa chaussure. Il sort de l’étang.

La Libellule. Ah ! C’était toi. Alors, tu l’as vue, la Lune ?

Jacky. Non. Mais le Crocodile m’a pris ma chaussure.

La Libellule. Et tu le laisse faire ? Tu ne devrais pas. Va la rechercher ta chaussure.

Jacky. Tu as raison. Je ne vais pas me laisser faire.

La Libellule. (En aparté) Quel gros nigaud, celui-là.

Jacky. Qu’est-ce que tu dis ?

La libellule. Quel grand Héros, tu fais-là !

Jacky retourne dans l’étang avec un bâton. Il assomme le Crocodile, récupère sa chaussure et sort.

Scène III
Jacky et la Libellule

Un arbre.
Jacky se rechausse.

La Libellule. (A part) C’est à croire qu’il y a un génie pour les Nigauds. (Tout haut) Jacky, mon ami, tu es sain et sauf ! C’est incroyable. Alors comme ça, le crocodile ne t’a pas mangé ?

Jacky. Non, je l’ai assommé.

La Libellule. (A part) Ah ! ça, c’est ennuyeux.

Jacky. Comment ?

La Libellule. Je disais : ça c’est merveilleux.

Jacky. Oui, mais avec ça, je n’ai pas vu la Lune.

La Libellule. La Lune. Ah ! oui. La Lune. Mais, c’est normal. Quand le Crocodile est arrivé, la Lune s’est enfuie et elle s’est réfugiée dans l’arbre, là. Tu vois ? Entre les plus hautes branche de cet arbre.

Jacky. Oui, je vois la lumière.

La Libellule. Tu la vois ? Elle est là. Tu n’as qu’à monter jusqu’en haut. Va, va la voir de plus près. Vas-y, je te dis. N’ai pas peur. Un Petit Gars aussi courageux que toi.

Jacky. D’accord.

Jacky monte dans l’arbre. Une branche cède. Il tombe, inanimé.

Scène IV
Jacky, la Grenouille et la Libellule

Jacky est toujours inanimé au pied de l’arbre. La soleil se lève. Il éclaire de plus en plus la scène.
La Grenouille approche.

La Grenouille. Un garçon ici ? Que fait-il là ? Comment s’est-il retrouvé par terre ? Pauvre Petit Garçon.

La libellule revient.

La Libellule. Ça y est enfin. J’y suis tout de même arrivé. Ce petit nigaud est bien crevé.

Elle s’approche. Elle n’a pas vu la Grenouille.

La Grenouille. C’est toi qui a fait ça ? Sale sorcière. Y en a marre, à la fin !

La Libellule. Ah ! la Grenouille !

La Grenouille mange la Libellule.

La Grenouille. Bon débarra ! (Elle se regarde) Mais ça n’a rien changé apparemment. (Elle se penche sur Jacky) Et toi pauvre Petit Garçon. (Elle le secoue) Réveille-toi. Eh ! Oh ! J’ai une super idée. On sait jamais. (Elle l’embrasse. Elle se regarde encore.) Non, ça ne marche pas non plus.

Jacky se réveille.

La Grenouille. Ça marche pas tout à fait comme je voudrais. Mais c’est déjà ça. Bonjour, Petit Garçon.

Jacky. Aïe ma tête. Bonjour, mademoiselle la Grenouille.

La Grenouille. Quel est ton nom ?

Jacky. On m’appelle Jacky.

La Grenouille. Que fais-tu là ?

Jacky. C’est la Libellule qui m’a dit de monter dans l’arbre.

La Grenouille. C’était donc ça. La Libellule t’a tendu des pièges. Tu aurais dû te méfier. Enfin, moi j’ai rien à dire. Elle m’a piégé, un jour aussi. C’est une sorcière, cette Libellule. Une très méchante sorcière qui s’attaque aux enfants.

Jacky. Où est-elle ?

La Grenouille. Je l’ai mangée.

Jacky. Tu as bien fait. Mais tout ça n’a servi à rien. Regarde. Le Soleil a mangé la Lune. Tout est perdu.

La Grenouille. Qu’est-ce que tu racontes ? Tu sors d’où toi ?

Jacky. Je me suis enfui de chez moi. Je voulais voir la Lune. Et maintenant le Soleil l’a mangée. Sale Soleil ! Méchant Soleil !

La Grenouille. Eh ! arrête ! T’es fou toi ! Comme si le Soleil mangeait la Lune. Écoute, je connais quelqu’un qui pourra tout t’expliquer. Viens avec moi. Tu peux me faire confiance. Viens.

Ils sortent.

Scène V
Jacky, la Grenouille et le Poisson-Lune

Près de l’étang.
Jacky et la Grenouille entrent.

La Grenouille. Viens. Je vais te présenter un ami.

Jacky hésite. La Grenouille s’avance au bord de l’eau.

La Grenouille. Poisson-Lune ! Poisson-Lune ! Ouh ! Ouh ! C’est ton amie la Grenouille.

Le Poisson-Lune apparaît.

Poisson-Lune. C’est toi ma Princesse !

La Grenouille. Je suis avec mon ami Jacky.

Poisson-Lune. Le Petit Jacky ! Celui qui a assommé le Crocodile. Eh Salut Jacky !

Jacky. (En s’approchant) Bonjour. Euh, Poisson-Lune.

Poisson-Lune. Je dois te dire merci, de la part de tous les animaux de l’étang et des alentours. Tu nous as tous sauvés en nous débarrassant de ce malfaisant.

La Grenouille. Et moi, j’ai mangé la Libellule.

Poisson-Lune. J’ai appris cela aussi. Depuis le temps que cette sorcière hantait les lieux. Vous avez fait du bon travail les enfants. Que puis-je faire pour vous remercier ?

La Grenouille. C’est Jacky. Il est un peu nouveau dans le coin. Et il comprend pas tout. Il a une idée fixe : voir la Lune.

Poisson-Lune. Ma mère ? Tu veux voir ma Mère ?

Jacky. La Lune est votre Maman ?

Poisson-Lune. Exactement. Je suis fils de la Lune et du Soleil.

Jacky. Comment est-ce possible ?

Poisson-Lune. Un jour d’éclipse. Le Soleil avait rendez-vous avec la Lune. Il l’a attendue. Elle venue. En plein jour, il a fait nuit, et je suis né.

Jacky. Ton père à toi aussi est méchant ?

Poisson-Lune. Non, pourquoi ?

Jacky. Parce qu’il empêche la Lune de briller.

Poisson-Lune. Pas du tout. La Lune brille la nuit, le Soleil brille le jour. Ils travaillent en alternance. Chacun son tour.

Jacky. Un peu comme mes parents quand ils font les trois-huit.

Poisson-Lune. C’est ça, sauf que c’est les deux-douze. Pas toujours, d’ailleurs. Mon père travaille plus l’été, ma mère davantage en hiver. Mon Père donne la lumière aux plantes et les fait respirer. C’est le Soleil qui donne la vie à tous les êtres vivants sur la terre. Ma Mère s’occupe des océans et des marées, elle veille sur les bêtes et le plantes et les aide à grandir.

Jacky. Et ça serait possible de voir ta Mère ?

Poisson-Lune. Pas de problème. Je lui dirai de venir ce soir. Revenez à la nuit tombée.

La Grenouille
et Jacky. Merci. A ce soir, Poisson-Lune.

Poisson-Lune. A ce soir, les enfants.

Scène VI
Jacky, la Grenouille et la Lune.

Jacky et la Grenouille entrent et attendent.
La Lune arrive avec la lumière.

Jacky. Oh !!!! Quelle beauté ! (Il n’ose plus bouger)

La Lune. Bonsoir mon garçon. Mon Fils m’a dit que tu cherchais à me voir.

Jacky reste muet.

La Grenouille. Eh ! Réponds ! Elle te parle-là.

Jacky. Bon… Bonjour ! Madame. Je ne savais pas que vous étiez si bè…belle.

La Lune. Tu ne m’avais donc jamais vue ?

Jacky. Jamais.

La Grenouille. Il est un peu spéce, hein ?

Jacky. C’est ma sœur qui m’en empêche.

La Lune. Je comprends. Ce que je comprends surtout c’est que tu es un garçon très courageux. J’ai appris que tu avais mis hors d’état de nuire le Crocodile de l’étang. Tu es curieux et obstiné. Tant de persévérance et de fidélité méritent récompense. Demande-moi ce que tu veux.

Jacky. Madame la Lune, comme vous ne brillez que la nuit, je voudrais pouvoir vous contempler le jour aussi.

La Lune. Rien de plus facile.

Elle retire son collier. Et le lance à Jacky qui le reçoit dans ses mains.

Jacky. Oh ! Un bout de morceau de vous.

La Lune. C’est une Pierre de Lune. Elle te portera chance, où que tu sois.

Jacky. Je vous remercie infiniment. Avec ça ma sœur n’osera plus jamais m’embêter. Et j’aurai toujours une lumière pour consoler ma Mère, même les jours gris de pluie.

La Grenouille. C’est bien beau tout ça. Mais moi, j’ai toujours mon problème. Et c’est quand même moi qui ai avalé la sorcière.

La Lune. Je sais cela aussi. Ne t’inquiète pas. Je ne t’avais pas oubliée, petite Grenouille. Tu as fait preuve de courage aussi. Lorsque le Bien triomphe du Mal, la lumière n’a que plus de clarté. Tu as beaucoup grandi depuis le jour où tu es venue pour la première fois près de l’étang. T’en souviens-tu ?

La Grenouille. (Gênée) Je venais pêcher des grenouilles pour faire des farces à mes sœurs. Je n’étais pas très sérieuse à cette époque-là. La sorcière m’a bien punie.

La Lune. C’était bien cher payé.

La Grenouille. S’il vous plait. Madame la Lune. Aidez-moi. Je voudrais redevenir comme avant.

La Lune. Demande à Jacky.

Jacky. Mais de quoi vous parlez ?

La Lune. Mon petit Jacky, tu n’as pas assez écouté les histoires.

La Grenouille. Comme avant ! Comme avant !

La Lune. Jacky, il faut que tu embrasses la Grenouille.

Jacky. Quoi ?

La Grenouille. Bon sang, mais c’est bien sûr !

Jacky. Mais je ne veux pas donner un baiser à une grenouille.

La Grenouille. Un baiser ! Un baiser !

Jacky. Mais pourquoi faire ?

La Lune. C’est une surprise. Une récompense, si tu préfères.

La Grenouille. La surprise ! La surprise !

La Lune. Jacky. C’est moi qui te le demande.

Jacky. D’accord. Mais un baiser sur la joue et rapide !

Jacky embrasse la grenouille qui se transforme en princesse.

La Grenouille. Et voilà !

Jacky. Wouahou ! Quelle beauté !

La Grenouille. N’est-ce pas ? Veux-tu quand même rester mon ami ?

Jacky. Bi… Bien… Bien sûr ! Gre… Princesse.

La Grenouille. Allez viens. J’ai hâte de voir la tête que fera ton père quand il nous verra tous les deux. En général, ça leur cloue le bec aux papas quand leur fils leur ramène des princesses à la maison. On va bien rigoler.

La Lune. Bonne chance, les enfants !

Jacky et
La Grenouille. Merci beaucoup pour tout, madame la Lune. A bientôt !

Ils sortent tout joyeux. La lune sourit.
Noir.

*

*

La Princesse
et
les trois Blaireaux

Les personnages

Le Conteur
Loulou
Jamel
Nounours
Un garde
Le Renard
Le Loup
Le Sanglier
La Princesse
L’Araignée

 

Scène I
Le Conteur

Le Conteur. Il était une fois une Princesse si belle que lorsqu’elle ouvrait les yeux le matin, le Soleil se levait, et lorsqu’elle fermait les yeux le soir, le Soleil se couchait.
Cette Princesse vivait dans un château de pierre, à l’orée d’une forêt profonde.
Dans cette forêt, vivaient trois Blaireaux. Vous connaissez les blaireaux ? Ce sont des mammifères à poils blancs et noirs. Qui sentent horriblement mauvais. Qui vivent dans des terriers. Et qui mangent de tout. Comme nous.
Voici donc, l’histoire de la Princesse et des trois Blaireaux.
Cela commença un matin…

Scène II
Loulou, Jamel et Nounours

La forêt.
Les trois Blaireaux sortent de leur terrier. Ils baillent et s’étirent.

Jamel. Mais. Il fait encore nuit.

Loulou. Le Soleil ne s’est pas levé.

Nounours. La Princesse n’est peut-être pas réveillée.

Jamel. Il est quelle heure, Nounours ?

Nounours. (Il regarde sa montre) Il est 11h 45.

Loulou. Déjà ! Mais elle devrait être levée !

Jamel. Elle est peut-être malade.

Loulou. Malade ? Oh ! Jamel, elle ne va pas bien. Ho ! vite, il faut faire quelque chose.

Nounours. On n’a qu’à l’appeler sur son portable.

Loulou. (Très stressé) J’ai plus de crédit.

Jamel. Moi, j’ai plus de batterie.

Loulou. Ahhhh !!!!

Jamel. Calme-toi, Loulou. On va aller la voir, ta Princesse.

Nounours. Loulou est amoureux. Il est amoureux ! Il est amour…

Loulou. Bon ça va !

Jamel. Allons au château.

Nounours. Non ! attendez, j’ai faim moi. On n’a pas pris le petit-déjeuner.

Loulou. Et toi tu penses qu’à manger, alors que la Princesse est peut-être en danger. (Il veut le frapper.)

Jamel. Du calme, Loulou. Viens Nounours, on mangera en route.

Nounours. On va passer au Mac-Do ?

Ils sortent.

Scène III
Loulou, Jamel, Nounours et un garde

Le château.
Un garde est endormi devant la porte de la chambre de la Princesse.
Les trois Blaireaux entrent.

Loulou. Hep ! Toi ! C’est quoi ce beens ? Tout le monde dors ici ou quoi ?

Jamel. Eh ! réveille-toi. Qu’est-ce que tu fais-là ?

Le garde. (Il se réveille) Hein ? Quoi ? Ben, je dors. La Princesse n’est pas encore sortie de sa chambre. Le Soleil n’est pas encore levé, alors…

Loulou. Et ça t’inquiète pas ?

Le garde. Ben non. (Il se gratte la tête)

Jamel. Et tu sais quelle heure il est ?

Le garde. Ben non.

Loulou. Plus de midi ! Tu te rends compte ?

Nounours. Ah ! c’est pour ça que j’ai encore faim.

Loulou veut frapper Nounours.

Jamel. Calme-toi Loulou. (Au garde) Tu peux nous ouvrir ?

Le garde. Que je vous ouvre la chambre de la Princesse ? Mais on n’a pas le droit.

Loulou. On s’en fiche. Tu nous ouvres où je fais un malheur.

Le garde ouvre la porte. Les Blaireaux entrent dans la chambre. Elle est pleine de toiles d’araignée.

Nounours. Eh ben dites donc, la femme de ménage ne doit pas faire son travail tous les jours ici.

Jamel. C’est plein de toiles d’araignée. Des toiles géantes.

Loulou. (En criant) La Princesse ! Elle est où ? Elle est pas là !

Jamel. La fenêtre est ouverte. Regardez les traces.

Loulou se précipite sur le garde. Il le secoue.

Loulou. La Princesse a été enlevée. Enlevée ! Espèce de nul ! Tu m’écoutes ? Espèce de naze !

Jamel et Nounours le retiennent.

Jamel. Calme-toi. On va aller la rechercher.

Nounours. Ça va pas ! Vous avez vu la taille des toiles d’araignée. L’Araignée doit être méga Géante ! Je suis pas Harry Potter moi.

Loulou. (Secouant toujours le garde) Une araignée géante ! Tu te rends compte ?

Le garde. Oh ! là là. Qu’est-ce qu’on va devenir ?

Loulou. Toi, tu reste-là. (Il le laisse tomber au sol) Nous on va la chercher.

Nounours. Vous êtes malades.

Jamel. Viens Nounours. On y va.

Ils sortent.

Scène IV
Loulou, Jamel, Nounours et le Renard

La forêt.
Le Renard est appuyé contre un arbre. Les trois Blaireaux entrent et l’aperçoivent.
Ils approchent en se bousculant.

Nounours. Bon… Bonjour monsieur le Renard. C’est pour savoir, heu ! Si par hasard, vous n’auriez pas vu passer une araignée… géante.

Le Renard. Ah ! non. Désolé.

Loulou. Tu nous prendrais pas pour des Blaireaux ? Toi. Le Renard pas beau-là. Tu sais, une araignée géante ça se remarque de loin.

Le Renard. Peut-être bien. Faut voir. Peut-être que quelques Euros me rafraîchirait la mémoire.

Jamel. Bon d’accord. (Il lui donne un billet de 10 €)

Le Renard. (Avec la voix du Père Fourasse) Mon premier indice : c’est un chemin avec des arbres. Mon deuxième indice : Heu ! je m’en souviens plus.

Loulou. Tu rigoles ou quoi ? Des arbres tu dis, y en a plein ici ! C’est de l’argent que tu veux encore, c’est ça ?

Le Renard. Peut-être bien.

Loulou. Espèce de charognard ! (Il est prêt à le battre)

Jamel. Zen mon pote, zen. Il va tout dire, le beau Renard ; là, tu vois.

Le Renard. Vous savez ce que je mange, le matin ?

Nounours. Non.

Le Renard. Du Blaireau.

Nounours. Ah bon ? Moi je préfère les hamburgers. Avec du ketchup.

Loulou. Nounours !

Nounours. Oh! Moi c’était pour causer.

Jamel. Bon, voilà encore 10 €. Et tu nous lâches le morceau.

Loulou. Et vite !

Le Renard. Doucement ! L’Araignée, je l’ai vue partir vers le centre de la forêt. Là où il y a la grotte aux souris chauves.

Jamel. C’est bon. On y va.

Le Renard. Salut.

Les trois Blaireaux lui font un signe rapide, et suivent la direction indiquée.

Scène V
Loulou, Jamel et Nounours

Dans la forêt très sombre.
Loulou, Jamel et Nounours se suivent. Ils avancent les uns derrière les autres. Ils sont terrorisés.

Nounours. J’ai mal au ventre.

Jamel. Attention la branche.

Loulou. (Se prenant la branche au visage) Aïe !

Nounours fait une crotte. Jamel sent quelque chose. Il se retourne.

Jamel. C’est toi qu’as fait ça ?

Loulou. Qu’est-ce qu’il a fait ?

Jamel. Une crotte.

Nounours. C’est pas ma faute.

Loulou. T’as la trouille ?

Jamel. Tu pourrais te retenir quand même.

Loulou. Bon, on n’a pas que ça à faire. On avance.

Jamel. C’est de plus en plus sombre ici.

Nounours. J’ai mal au ventre.

Loulou. Ça c’est les hamburgers. Allez grouille.

Scène VI
Loulou, Jamel, Nounours, le Loup et le Sanglier

Le loup surgit, face aux Blaireaux.

Loulou, Jamel
et Nounours. Ahhhh !!!!! Un Loup !

Nounours fait encore plein de crottes.

Le Loup. J’ai faim !

Jamel. Bougez vos fesses. Il va nous attaquer.

Ils se retournent et s’apprêtent à courir. Ils se cognent au Sanglier qui vient d’arriver de l’autre côté.

Loulou, Jamel
et Nounours. Ahhhh !!!!! Un Sanglier !

Le Sanglier. Qu’est-ce qui se passe ici ?

Nounours. C’est le Loup !

Jamel. Il veut nous courser.

Loulou. Pour nous manger.

Le Sanglier. (Au Loup) Encore toi, vilaine fripouille. Je t’avais dit de ne plus venir rôder par ici. Tu n’es qu’un malfaisant.

Nounours. Ça c’est bien vrai, monsieur le Sanglier. Il fait rien qu’à nous embêter.

Le Loup. Moi ? C’est même pas vrai.

Loulou, Jamel
et Nounours. Si, c’est vrai !

Le Sanglier. Tu n’as rien à faire ici, de toute façon. Fiche le camp. (Il poursuit le Loup)

Loulou, Jamel
et Nounours. Houai !!!!! Allez Sanglier, allez ! Allez Sanglier, allez ! On est les champions, on est les champions, on est, on est, on est les champions !

Jamel. Chutt ! J’ai entendu quelque chose. Bougez plus.

Loulou. C’est quoi ?

Nounours. J’ai mal au ventre.

Jamel. Ah ! non. Tu vas pas recommencer.

Nounours refait des crottes.

Nounours. Si.

Loulou. Allez, venez. On ne doit plus être très loin du centre de la forêt maintenant.

Ils avancent vers le fond.

Scène VII
Loulou, Jamel et Nounours.

Devant la grotte.

Loulou. Les gars. Venez voir. C’est la grotte.

Jamel. Comment on rentre là-dedans ?

Nounours. Moi, je rentre pas.

Jamel. Tu préfères rester tout seul.

Loulou. J’y vais.

Il entre. On l’entend crier. Il ressort.

Loulou. Faites gaffe. C’est plein de chauves-souris. Une armée.

Jamel. T’inquiète. On s’en occupe. N’est-ce pas Nounours ?

Nounours. De quoi ?

Jamel. On s’occupe des chauves-souris et toi, Loulou, tu t’occupes de la Princesse.

Nounours. Et l’Araignée ? Qui s’occupe de l’Araignée.

Jamel. Chaque chose en son temps. D’accord. D’abord, les chauves-souris.

Nounours. Maintenant, j’ai envie de vomir.

Loulou. Ah ! non alors. Allez, j’y vais. Bonne chance !

Jamel. OK !

Nounours. OK !

Ils entrent tous. On les entends se battre.
Loulou ressort en premier. Il porte la Princesse enroulée dans un cocon de fil.

Loulou. Voilà, ma Princesse. Je suis venu te délivrer.

Il commence à défaire le cocon. Il appelle.

Loulou. Jamel ! Nounours ! venez ! Ça y est, je l’ai trouvée !

Les deux autres sortent totalement débraillés.

Jamel. C’est super ! On a même pas eu besoin de se battre contre l’Araignée.

Scène VIII
Loulou, Jamel, Nounours, la Princesse et l’Araignée.

L’Araignée arrive.

Loulou, Jamel
et Nounours. Ahhhh !!!!! L’Araignée !

L’Araignée. Petits voleurs ! Je vous y prends à venir me voler ma proie.

Loulou, Jamel
et Nounours. Ahhhh !!!!!

Les trois Blaireaux se cachent la figure et montre leurs derrières à l’Araignée. L’Araignée s’approche. Elle tombe raide.

Nounours. Qu’est-ce qui lui arrive ?

Jamel. Je crois que c’est notre odeur. Elle est asphyxiée.

Loulou. (En se précipitant vers la Princesse) Princesse. Vite, réveillez-vous.

La Princesse se réveille. Le Soleil se lève. Il fait jour.

La Princesse. Oh ! Mon Blaireau, c’est toi qui m’a sauvée.

Loulou. Oui, ma toute belle.

Nounours. Eh ! Oh ! Nous aussi on vous a sauvé.

La Princesse. Vous êtes formidables. Mais d’où vient cette odeur infernale ? (Elle se bouche le nez)

Nounours. C’est rien. C’est l’Araignée.

La Princesse. Que lui est-il arrivée ?

Jamel. Elle est paralysée de peur.

Loulou. Oui, ma Princesse. Il a suffit qu’on arrive. Et crac. Elle a eu tellement peur en nous voyant, que paf, elle est tombée dans les pommes. Tac, d’un coup.

Nounours. Comme ça. Tac.

Jamel. On va la ficeler. Comme un paquet. Elle ne vous fera plus de mal, Princesse. C’est promis.

Jamel et Nounours font une momie avec l’Araignée.

Loulou. Cette vieille folle était jalouse de ta beauté. Elle ne voulait plus que le Soleil te voit. Mais le Soleil est revenu pour t’admirer.

Jamel. Allez, c’est fini. On rentre.

Ils approchent au devant de la scène.

Scène IX
Loulou, Jamel, Nounours et la Princesse.

La Princesse. (En se rebouchant le nez) C’est bizarre. L’odeur est encore présente ici.

Nounours. Ah ! bon ? Moi, je sens rien. Et toi, Jamel, tu sens quelque chose.

Jamel. Moi, rien. Et toi, Loulou.

Loulou. Rien du tout.

Jamel. C’est pas tout ça. Mais la dernière fois qu’on est venu ici, il faisait nuit noire. Là, je ne reconnais rien. Comment va-t-on faire pour rentrer.

Nounours. J’ai une idée. Étant donné que je n’ai pas arrêté de faire des crottes tout au long du chemin.

Loulou. Chut ! moins fort.

Nounours. Étant donné disais-je que j’ai mis des crottes partout derrière-moi.

La Princesse. Que dites-vous ?

Loulou. Rien, ma Princesse. C’est une discussion entre Blaireaux.

Nounours. Donc, il suffirait que je les retrouve. Et comme ça on pourra rentrer. Plus fort que le Petit-Poucet.

La Princesse. Oui ! Mais plus sale ! Vous êtes vraiment dégoûtants tous les trois.

Jamel. Bon dépêche-toi de retrouver tes crottes. Qu’on en finisse.

Nounours repère ses crottes.

La Princesse. Pouah ! quelle horreur !

Nounours. Oh ! Arrêtez de dire du mal de mes crottes. Elles nous sauvent la vie.

La Princesse. Les Blaireaux…

Loulou, Jamel
et Nounours. Oui ?

La Princesse. Il faut me faire un promesse.

Loulou, Jamel
et Nounours. Laquelle ?

La Princesse. Quand nous serons arrivés, vous vous laverez dans l’eau de la rivière qui entoure mon château.

Loulou. Oui, ma Princesse.

Jamel. Si ça peut vous faire plaisir.

Nounours. Ha ! Les filles. Que des chochottes.

Ils sortent.

Scène X
Les mêmes.

Devant le château.
Ils arrivent.

La Princesse. Là. Lavez-vous là.

Loulou y va en premier.
Musique.

Loulou. Princesse ! Qu’est-ce qui m’arrive ? Je me transforme.

La Princesse. Oh ! Loulou, mais tu es devenu un prince. Comme tu es beau. Comme tu sens bon.

Loulou. (A genoux devant elle) Princesse veux-tu m’épouser ?

La Princesse. Oh ! Oui ! je le veux.

Nounours. C’est quoi cette histoire ? Viens Jamel. On va voir si ça marche pour nous aussi.

Ils y vont.
Musique.

Jamel. Eh ! Regardez, nous aussi, on est devenu des princes.

Nounours. C’est super !

Jamel. Dites, princesse ? Vous n’auriez pas une ou deux cousines, par hasard. Parce que maintenant qu’on est beau et qu’on sent bon… Y aurait p’t-être moyen… Heu… qu’on se marie, qu’on vive heureux… et tout et tout.

La Princesse. Des cousines. J’en ai plein.

Jamel et Nounours. Wouahou !

Ils sortent tous en dansant.

blaireau

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