A Cussangy un festival campagnard qui interpelle et qui rend heureux
La troisième édition du festival de Cussangy fut particulièrement chaleureuse et appréciée, sans doute parce qu’elle succédait à une période de repli sur soi et de vide à cause de la pandémie, mais également grâce au renouvellement et à la délicatesse des spectacles, et au choix des lieux pour les présenter.
L’église Saint Léger, mise en lumière et à l’honneur, a accueilli d’abord une visite commentée et une conférence sur l’histoire des Cussangeois à laquelle répondaient ensuite, comme en écho, les Légendes de Cussangy, écrites pendant le confinement et mises en voix avec l’accompagnement de la viole de gambe, par Sandrine Le Mével Hussenet, la petite fille de l’ancien maréchal ferrant du village. C’est enfin dans ce lieu symbolique que les trois auteures, compositrices et interprètes, les « Frangines », ont voulu rendre hommage par leurs créations à la grande Dame féministe, poétesse et inspiratrice : Anne Sylvestre, qui en 2008 était venue chanter « Bêtes à bon Dieu » à Cussangy.
Dans une vieille grange, encore dans son aspect ancestral et magnifiquement éclairée, l’exceptionnel saxophoniste Michel Devillers, ovationné, a donné son ultime concert devant le public nombreux du festival charmé de bénéficier de cet adieu au jazz et à la musique baroque d’un grand musicien. L’autrice compositrice interprète « Béa » y a également donné toutes les nuances de sa poésie du quotidien dans une remarquable écoute et une très grande intimité. Dans la grange aussi, Sandrine LMH a pu émouvoir jeunes et vieux avec « L’homme qui marche », l’histoire d’un immigré qui, après des épreuves aussi longues qu’inhumaines, finit par trouver sa place et remercier le pays d’accueil, la France.
Dans un jardin, à l’ombre d’un pommier et devant un vieux pressoir, Alain Rault, comédien excellent et puissant, a joué et interprété le texte très dur de Florence Patsottu, sur les causes de l’immigration et le rejet des immigrés, appelant à la solidarité des « Frères Numains ». C’est aussi dans ce jardin-là, dans la sérénité et le partage entre toutes les générations, que ce même comédien aux multiples facettes, fit, avec deux autres lectrices, la lecture délicate et expressive des « Histoires du jardin » où les oies, le goupil, les fourmis, le coq François et autres moutons entraînèrent petits et grands dans des aventures bien réelles et amusantes.
Déjà des souhaits d’une autre édition se sont manifestés et des projets sont nés. Vivement l’année prochaine !
Anne-Claire Gross, journaliste à L’Est-Éclair, le 26 août 2021