Chloé

Paru chez Christophe Chomant Éditeur, novembre 2016. / Conte érotique.

Comment, de jeune vieille fille initialement soumise aux dictats sociaux et moraux des années 50, ignorante du pouvoir de son corps et du désir, Chloé va-t-elle devenir actrice et sujet de ce plaisir et de ce désir, autonome, décideuse libre de sa vie sexuelle et de son destin de femme émancipée ?

« Chloé », conte érotique ? Oui. Mais aussi chant d’amour pour les hommes que les femmes couronnent. Chant féminin des trésors intérieurs connectés aux éléments du monde. Et dans la violence du désir et des plaisirs féminins, la douce mélodie de la femme réconciliée avec elle-même.

 

EXTRAIT

(pages 14 et 15)

[…]

Elle a dû finir par s’endormir, parce quand la porte de sa chambre s’est soudain ouverte, elle a sursauté et s’est redressée sur son lit.

C’est monsieur Laval. Il est là, la main encore sur la poignée de la porte grande ouverte. Il est immobile. Il respire puissamment. Il n’est plus le même. Son regard et ses joues sont en feu. Il fait peur. Chloé retient un cri.

Ils ne bougent plus tous deux. Ne disent rien. Leur immobilité donne à l’air une densité brûlante. La chambre de Chloé est comme la gueule béante d’un haut-fourneau.

Monsieur Laval finit par murmurer : « Chloé ? » Mais il recule. Lâche la poignée et s’éloigne, happé par l’ombre du petit salon. Il va sortir des appartements de Chloé. Disparaître dans la nuit…

Chloé s’échappe des draps. Debout, pieds nus, elle s’apprête à le poursuivre. Mais il revient. Elle se fige.

« Je ne vous avais jamais vue les cheveux défaits. Vous êtes belle, Chloé. » Il a la voix brisée. Elle ne la reconnaît pas. Il soupire profondément, soulevant sa large poitrine, et reprend, une alarme encore dans la voix : « Vous avez froid ? Vous tremblez. »

« Je n’ai pas froid. » dit Chloé.

Ce devait être le signal qu’attendait monsieur Laval, parce qu’il s’est approché d’elle, en trois pas. L’a saisie par la taille d’un bras et par les cheveux derrière la nuque de l’autre main. Il l’a maintenue ainsi, longtemps, respirant son souffle et contemplant son visage et son regard perdu. Chloé a juste pensé : « Ça ressemble à une scène de roman. », puis elle a fermé les yeux. Alors, il lui a pris la bouche avec la sienne. Il sent le tabac et le café. Ses lèvres sont fermes et douces à la fois. Chloé croit qu’il la mange. Elle ne sait pas répondre à ce baiser-là, où se mêle succion, morsure, lèvres, dents et langue. Elle s’abandonne à lui, simplement. Le goûte et le respire. Confuse. Tremblante encore. Maladroite, mais soumise à ce plaisir nouveau, à ce désir qui prend sa source ici, dans ce baiser nouveau et qui fait son lit, petit à petit, dans tout son corps. Elle sent que ses jambes se dérobent sous elle. Il est obligé de la soutenir. Puis il l’embrasse dans le cou qu’il mord, dans les cheveux qu’il froisse, dans les oreilles qu’il lèche, lui arrachant à elle un cri de surprise tant les frissons ont été violents.

[…]

 

 

 

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Une réponse à Chloé

  1. Yvonnig dit :

    On a envie de lire la suite…

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